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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

le plus l’irriter ou l’affliger). Quel a été le crime de Giulietta ?

De n’avoir pas aimé celui qu’elle encourageait

peut-être à l’aimer ? Elle ne devait pas avoir beaucoup à faire pour cela ! Il suffisait de ses yeux. Elle était la Primiverci :

elle n’aime point., on l’aime ; et c’est très juste

ainsi, il faut lui être reconnaissant. Beethoven était injuste, c ;mme tous les amoureux déçus. Et l’amertume de sa rancune, vingt ans onrès, prouve seulement la profondeur de la blessure. Ce qui l’atteste encore, c’est qu’il ait conservé jusqu’à sa mort, dans son sanctuaire secret, le portrait de la Giovinetta.

Pour le moment, en 1801, il lui donne des leçons ; et comme il se refuse à recevoir de l’argent d’elle, elle lui fait cadeau d’une douzaine de chemises, cousues par ses belles mains. Elle était bonne musicienne, peut-être pas aussi vraie artiste que Thérèse, car Beethoven souvent se fâche, jette les celliers par terre, piétine de colère. Mais elle est assez habile pour jouer très joliment 1 ; et les Guicciardi se font honneur du maître, dans leurs soirées. C’est pendant l’hiver 1801-1802 qu’il dédie à la « Damigella Conlessa » la Sonate du Clair de Lunet qui paraîtra, au début de mars 1802.

Déjà la désillusion est venue. -—- Dès les premiers mois de 1802, les préférences de Giulietta se montrent ouvertement pour le jeune comte Gallenberg, d’un an à peine plus âgé, et qui était intime avec elle depuis son arrivée à Vienne 8. 1 21. a Julie joua schr hübsch le trio avec clarinette de Beethoven ». {Lettre de Joséphine Bruusvik.)

2. Lettre de Joséphine Bruusvik4 janvier 1801