Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
364
BEETHOVEN

C’était en 1807. Joséphine, séparée de Thérèse depuis longtemps, lui écrivit pour lui demander de revenir auprès d’elle et de l’aider dans l’éducation de ses filles. Thérèse, fière de ce revirement dans le cœur de sa sœur aimée, brûlante du désir de courir se jeter dans ses bras, n’a pourtant pas laissé toute rancune de l’offense de naguère ; et scs nouveaux succès dans le monde lui inspirent une répugnance à accepter la vie d’humble affection et de dévouement domestique, que lui offre Pepi. Elle répond, de façon évasive, elle remet à plus tard, et elle part en voyage pour Karlsbad. Plus tard, elle regrettera amèrement d’avoir perdu cette dernière occasion de s’attacher pour toujours le cœur de Joséphine : car Joséphine, qui s’éloigne de nouveau, va, l’année suivante, rencontrer celui qu’elle épousera et qui fera le malheur de sa vie. Et Thérèse, sans s’expliquer dans sa confession de 1809,laisse entendre que, pour elle aussi, « le malheur de sa vie entière » a été décidé en ces deux années. Que s’est-il passé entre 1807 et 1809 ?

Sans chercher ici à élucider ce mystère, et sans voir aucun lien entre ces troubles inconnus et la présence de Beethoven, — nous devons constater que c’est à ce moment que Beethoven entre dans le cercle plus intime de Thérèse. Elle n’avait jamais cessé de s’intéresser à lui, comme artiste ; et Beethoven ne manquait point, quand il voyait Joséphine ou Charlotte, de lui faire transmettre par elles « ailes Schor e und Liebe » 1. Mais ces amabilités ne sortaient pas des for- 11. 10 novembre 1804. — o Toujours il demande après toi. » (Charlotte à Thérèse, 20 novembre 1804.)