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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance ; ce que /a suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a quun Beethoven. »


Cet esprit de révolte orgueilleuse ne se hérisse pas seulement contre ceux d’une autre classe, mais contre ceux de sa classe, contre les autres musiciens, contre les maîtn s de son art, contre les règles…

« Les règles défendent telle succession d’accords.

— Et moi, je la permets[1]. »

Ce qu’édicte l’enseignement, il refuse d’y croire sur parole. Il ne croit qu’à ce qu’il aura lui-même essayé, éprouvé. Il ne cédera que sous la leçon directe de la vie. Ses doux maîtres, Albrechtsberger et Salieri, avouent qu’il ne leur

provient des Archives Wegeler (Beethoven als Freund der Familie Wegeler-Breuning) :

« Sans le comte Oppersdorf et quelques autres, on en serait venu à une rixe brutale, car Beethoven avait empoigné une chaise et allait la briser sur la tête du prince Lichnowsky, qui avait jait enfoncer la porte de sa chambre, où il s’était verrouillé. Heureusement, Oppersdorf se jeta entre eux… »

Le motif de la querelle était le refus par Beethoven de jouer pour des officiers français, invités à la table du prince Lichnowsky. 1. Ries.

Mais, lorsqu’en 1815, Anton Halm, lui soumettant une sonate, s’excuse de certaines incorrections, en disant que « Beethoven s permis aussi maintes infractions aux règles », Beethoven iui rejij quera : « Moi, je le peux. Vous, pas. » (lch darf das. Sie nicht) (Reçu de Czcrny).

Il sait parfaitement ce qu’il peut ; ij, ie l’ose qu’à bon escient. Et, somme toute (disons-le !), les « harmonistes » d’aujourd’hui le jugent fort prudent.

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