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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/23

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PRÉLUDE

Gœthe et Beethoven furent deux de ces intimes avec les « Mères ». Mais l’un — le sourd — écoutait sans voir l’appel issu des profondeurs. L’autre voyait tout, sans tout entendre. Et à leur suite, la Bettine, ivre d’amour et de ses rêves, ne voyait ni n’entendait, mais tâtait, palpait, de ses doigts fiévreux dans la nuit.

J’offre aux lecteurs de mon Beethoven cet Intermède à mon voyage Odysséen sur la Mer Intérieure de Beethoven. Qu’ils y fassent halte avec moi, comme au pays d’Alcinoüs !

En cet âge des tourbillons, il me plaît de respirer sans hâte, et, dans le vallon de Villeneuve, étendu, les mains croisées derrière la tête, de regarder, aux jours du nouveau printemps, sous les fleurs des cerisiers, au ciel sans fond la ronde éternelle des siècles… Voici de retour les Entretiens dans les forêts de Bohême, Teplitz, les deux Gémeaux : Goethe et Beethoven, et l’amoureuse élégie de Bettine — « Nina, la folle par amour… »


Ce livre est fait de quatre Essais. Le premier et le plus long a paru naguère dans la revue : Europe. Je l’ai révisé et complété. Les trois autres se rattachent au même sujet, mais l’envisagent d’autres points de vue. Le problème de Goethe est si vaste et, cent ans après sa mort, continue d’être si mouvant (car le propre de la flèche de cette vie est, une fois décochée, de ne plus s’arrêter, dans sa chasse au but qui la fuit) — qu’il