Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/291

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— « Pardon ! »

Et il alla chercher une serviette propre pour l’étendre entre l’oreiller et la tête. Cette honte naïve réveilla Ruche tout à fait ; et même, après avoir soulevé un coin de la serviette, elle sourit, elle enleva la serviette, la laissa tomber sur le parquet, et, appuyant la joue sur l’oreiller, elle ferma les yeux.

Marc attendit encore un moment, puis, la voyant tranquille, il s’installa, comme il pouvait, sur deux chaises, et il éteignit sa lampe.

Dans l’obscurité, la voix de Ruche dit :

— « Mais toi, comment vas-tu passer la nuit ? »

— « Ne t’inquiète point ! Je suis bien. »

— « Tu ne peux pas dormir sur une chaise. »

— « Ce ne sera pas la première fois. »

— « Eh bien, au moins, viens appuyer ta chaise contre le lit, pour ne pas tomber ! »

Il s’installa sur les deux chaises, le long du lit, les pieds vers la tête de Ruche, et la tête presque appuyée sur ses pieds.

— « Oui, tiens-les moi ! dit Ruche. Ça me fait du bien. »

Il les reprit.

Après un temps, elle dit :

— « Tu es bon. »

— « Je ne sais pas… Je ne crois pas… »

— « Quand je dis : « bon », c’est par comparaison. »

— « Avec qui ? »

— « Avec les autres chiens. »

— « J’en suis, aussi. »

— « Et moi, une chienne. »

— « Oui, tu l’étais, cette nuit. »

— « Et n’avoir même pas été capable de lui déchirer le ventre ! »

Elle lançait des coups de pied dans le lit.

— « Allons, assez ! Ne gigote pas ! Tu es à l’attache. »