Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/294

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tait. Je suis sûre que tu n’as rien écouté, rien retenu de tout ce dont je t’ai arrosé, cette nuit… »

Marc chercha :

— « Pas un mot. »

— « Ça ne fait rien ! Tu as reçu tout le paquet. Et, mon ami, tu as beau faire, tu le retrouveras, par morceaux, un jour ou l’autre : car je te l’ai infiltré, par les os du crâne : j’avais collé dessus ma bouche, pour parler. »

— « Joli cadeau ! »

— « Qu’est-ce que tu veux ? On ne se soulage qu’en se vidant de sa charge sur un autre. »

— « Et tu es soulagée ? »

— « Absolument. L’estomac vide. Le cœur libre. Nette et fraîche. »

— « Alors, c’est bon. Je ne dis plus rien. »

— « Et tu fais bien ! Car si tu osais maintenant faire allusion à quelque chose de cette nuit, je nierais. Je nie… Ose un peu !… Il ne s’est rien passé du tout. »

Elle le défiait. Il en restait, bouche bée, devant l’aplomb de ce visage riant et reposé, qui ne gardait plus trace des convulsions de la nuit.

— « Sacrées femmes ! dit-il. Elles ont sept âmes et sept visages. »

Ruche dit :

— « C’est bien peu. »

Elle lui prit les joues entre ses mains et les pinça :

— « Mon bon garçon !… Mon petit garçon !… Comme tu es maigre !… Ce que je te dois !… T’en fais-tu seulement une idée ?… Non, n’essaie pas ! C’est mieux que je sois seule à m’en rendre compte. »

— « Mais je m’en rends très bien compte, aussi. »

— « Voyez-vous ça !… L’outrecuidant ! Sot vaniteux ! … Il va me faire valoir maintenant les services rendus… Il prétendra peut-être me les faire payer… »

— « Mais parfaitement ! Il faut payer. »

— « Juif !… Dis le prix ! »