Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/134

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des choses de l’esprit, de leurs lectures, de leurs réflexions sur les hommes, de leur expérience nouvelle, de tout — sauf du sujet auquel ils pensaient tous deux. C’était comme une convention tacite. Ils étaient heureux de se sentir intimes, avec un secret entre eux. Tout en causant, Pierre se demandait :

— Sait-il ?… Mais comment saurait-il ?…

Philippe le regardait bavarder, en souriant. Pierre finit par s’arrêter, au milieu d’une phrase…

— Qu’as-tu ?

— Rien. Je te regarde. Je suis content.

Ils se serrèrent la main. En revenant, Philippe dit :

— Tu es heureux ?

Pierre, sans parler, fit oui, avec la tête.