Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/152

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longée, les bras le long du corps, les yeux ouverts, absorbés et regardant le ciel, sentait monter en elle une souffrance cachée que, depuis le matin, afin de ne pas troubler la joie de la journée, elle s’efforçait de chasser. Pierre posa la tête sur les genoux de Luce, dans le creux de sa robe, comme un enfant qui dort, la figure blottie contre la chaleur du ventre. Et Luce, sans parler, de ses mains caressait les oreilles, les yeux, le nez, les lèvres du bien-aimé. Chères mains spirituelles, qui, comme dans le conte de fées, semblaient avoir de petites bouches au bout des doigts ! Et Pierre, clavier intelligent, devinait, aux petites ondes qui couraient sous les doigts, les émotions qui passaient dans l’âme de l’amie. Il l’entendit soupirer, avant qu’elle eût soupiré. Luce s’était