Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/163

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tions, plus affirmatif qu’il n’était nécessaire, et violent dans la contradiction. D’après lui, il s’agissait d’une croisade des démocraties pour délivrer les peuples et pour tuer la guerre. Quatre ans d’abattoir philanthropique ne l’avaient pas convaincu. Il était de ceux qui n’acceptent jamais le démenti des faits. Il avait un double orgueil, l’orgueil caché de sa race qu’il voulait réhabiliter, et son orgueil personnel qui voulait avoir raison. Il le voulait d’autant plus qu’il n’en était pas sûr. Son sincère idéalisme servait de paravent à d’exigeants instincts, trop longtemps comprimés, à un besoin d’action et d’aventures, qui n’était pas moins sincère.

Antoine Naudé, lui aussi, était pour la guerre. Mais c’était parce qu’il ne pouvait pas faire autrement. Ce bon gros jeune bourgeois,