Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/75

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un peu, à un petit peu de bonheur… » Dites-moi bien franchement : est-ce que c’est égoïste ? Vous trouvez cela mal ?

Il fut saisi d’une pitié infinie. Ce cri du cœur, ce pauvre petit cri naïf, le remua jusqu’à l’âme. Les larmes lui vinrent aux yeux. Côte à côte sur le banc, appuyés l’un sur l’autre, ils sentaient la chaleur de leurs jambes. Il eût voulu se tourner, la prendre dans ses bras. Il n’osait pas remuer, de peur de ne plus être maître de son émotion. Ils regardaient, immobiles, devant eux, à leurs pieds. Très vite, à voix ardente et basse, sans presque remuer les lèvres, il dit :

— Ô mon cher petit corps ! Ô mon cœur ! Je voudrais tenir vos petits pieds dans mes mains, sur ma bouche, je voudrais vous manger toute…