Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/63

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Il ne perdait aucune occasion de s’en éloigner ; et vers 1808, il avait songé sérieusement à quitter l’Autriche, pour venir à la cour de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie[1]. Mais Vienne était abondante en ressources musicales ; et il faut lui rendre cette justice, qu’il s’y trouva toujours de nobles dilettantes pour sentir la grandeur de Beethoven et pour épargner à leur patrie la honte de le perdre. En 1809, trois des plus riches seigneurs de Vienne : l’archiduc Rodolphe, élève de Beethoven, le prince Lobkowilz, et le prince Kinsky, s’étaient engagés à lui servir annuellement une pension de 4 000 florins, sous la seule condition qu’il resterait en Autriche : « Comme il est démontré, disaient-ils, que l’homme ne peut entièrement se vouer à son

  1. Le roi Jérôme avait offert à Beethoven un traitement de six cents ducats d’or, sa vie durant, et une indemnité de voyage de cent cinquante ducats d’argent, contre l’unique engagement de jouer quelquefois devant lui, et de diriger ses concerts de musique de chambre, qui ne devaient être ni longs, ni fréquents. (Nohl, XLI X.) Beethoven fut tout près de partir.