Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/69

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mains. — Un voyageur anglais, Russel, qui le vit au piano, vers 1825, dit que quand il voulait jouer doucement, les touches ne résonnaient pas, et que cela était saisissant de suivre dans ce silence l’émotion qui l’animait, sur sa figure et ses doigts crispés.

Muré en lui-même[1] séparé du reste des hommes, il n’avait de consolation qu’en la nature. « Elle était sa seule confidente », dit Thérèse de Brunswick. Elle fut son refuge. Charles Neate, qui le connut en 1815, dit qu’il ne vit jamais personne qui aimât aussi parfaitement les fleurs, les nuages, la nature[2] : il semblait en vivre. — « Personne sur terre ne peut aimer la campagne autant que moi, écrit Beethoven.... J’aime un arbre plus qu’un homme.... » — Chaque jour, à Vienne, il fai-

  1. Voir les admirables pages de Wagner sur la surdité de Beethoven. (Beethoven, 1870.)
  2. Il aimait les bêtes et avait pitié d’elles. La mère de l’historien von Frimmel racontait qu’elle avait conservé longtemps une haine involontaire pour Beethoven, parce que, quand elle était petite fille, il chassait avec son mouchoir tous les papillons qu’elle voulait prendre.