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et à l'engouement de la mode. Bientôt le snobisme des amateurs ne se contenta plus d'un Allemand italianisé pour représenter l'opéra italien ; et le comte Burlington, l'ancien patron de Hændel, alla chercher à Rome le roi de la mode italienne, Giovanni Bononcini[1].

Bononcini était de Modène. Il avait une cinquantaine d'années[2]. Fils d'un artiste de grand mérite, Gianmaria Bononcini, que sa mort prématurée empêcha d'atteindre à la gloire[3], élevé avec une affection paternelle par

  1. Avant lui, était déjà venu à Londres Domenico Scarlatti, dont on joua, sans succès, un opéra : Narciso (1720).
  2. Il était né en 1671 ou 1672 : car dans son op. I, paru en 1684 ou 1685, il dit qu'il a un peu plus de treize ans.

    G. Bononcini est loin d’être bien connu. Il n'est pas de musicien célèbre, sur le compte duquel on ait commis tant d'inexactitudes. Bononcini est le nom de toute une dynastie de musiciens ; et on les a constamment confondus les uns avec les autres. Ces erreurs se retrouvent jusque dans la bibliographie critique de Eitner (où elles reposent sur une grosse étourderie de lecture), et dans les plus récents travaux des musicographes italiens, comme M. Luigi Torchi, qui, dans sa Musica istriumentale in Italia (1901), confond tous les Bononcini en un seul. — Plus exacte, quoique très incomplète, est la monographie de Luigi-Francesco Valdrighi : I Bononcini da Modena (1882).

  3. Gianmaria B. était maître de chapelle de la cathédrale de Modène, et attaché au service du duc François II. Bon violoniste, auteur de sonates et de suites instrumentales, auxquelles M. Torchi et M. H. Parry attribuent une grande importance historique, il était un esprit réfléchi, et dédia en 1673 à l’empereur Léopold Ier, un traité d'harmonie et de contrepoint, intitulé Musico prattico, qui fut souvent réimprimé. Il mourut en 1678, âgé de moins de quarante ans.