Page:Rolland Handel.djvu/178

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des tempêtes de passion, des cataclysmes de la nature soulevée et domptée ?

C’est par ces chœurs que l'oratorio se distingue essentiellement de l’opéra. Il est, en premier lieu, une tragédie chorale. Ces chœurs, qui sont à peu près éliminés de l'opéra italien, depuis le temps des Barberini, tiennent une place importante dans l’opéra français ; mais leur rôle s’y limite à celui de comparses, ou reste décoratif. Dans l’oratorio de Hændel, ils sont l'âme de l'œuvre. Tantôt ils jouent le rôle du chœur antique, qui dégage la pensée du drame, la fatalité cachée qui mène les héros, comme dans Saul, Héraklès, Alexander Balus, Susanna. Tantôt ils font jaillir du choc des passions un puissant cri de foi, et couronnent le drame humain d’une auréole surnaturelle, comme dans Théodora et Jephté. Tantôt enfin, ils incarnent les acteurs mêmes du drame, le peuple, ou les peuples ennemis, et le Dieu qui les conduit. Il est remarquable que, dès son premier oratorio, Esther, Hændel ait eu cette idée de génie. Dans les chœurs d’Esther est superbement esquissé le drame d’un peuple opprimé et de son Dieu qui accourt à son appel. Dans Debora et dans Athalia, deux peuples sont en présence. Dans Belsazar, il y en a trois. Mais le chef-d’œuvre du genre est Israël en Égypte, la plus grande épo-