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inscrire à la Faculté de droit de l’Université de Halle, le 10 février 1702, — cinq ans après la mort du père.

La vie universitaire à Halle était d’une brutalité de mœurs révoltante. Mais on trouvait aussi là une vie intense de pensée et de foi. La Faculté de théologie était le foyer du piétisme[1]. On se livrait, parmi les étudiants, à des exercices religieux, qui menaient à l’extase. — Hændel, en indépendant qu’il fut toujours, resta à l’écart des amusements brutaux, comme des contemplations mystiques. Il était religieux, mais sans rien de sentimental. Au reste, un artiste pouvait difficilement s’entendre avec les piétistes, dont la dévotion était trop souvent oppressive pour l’art. Même J.-S. Bach, piétiste de cœur, dut, par des actes publics, se déclarer contre les piétistes, qui furent, en certaines occasions, les ennemis de sa musique[2]. À plus forte raison, Hændel, qui n’avait aucun penchant au mysticisme.

La religion n’était pas son affaire, ni décidé-

  1. La politique intelligente des électeurs de Brandebourg attirait dans leur Université de Halle les hommes les plus indépendants de l’Allemagne, qui étaient persécutés ailleurs. Ainsi vinrent à Halle les piétistes, chassés de Leipzig. Ils rayonnèrent de là sur toute l’Allemagne, la Suisse et les Pays-Bas. (Volbach : Vie de Hændel, et Lévy-Brühl : L’Allemagne depuis Leibniz, 1890.)
  2. Voir les belles études de M. Pirro sur J.-S. Bach.