Page:Rolland Handel.djvu/85

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du génie de ce précurseur, comme il avait fait des autres. Arrivant en un pays étranger, dont il ne savait ni la langue, ni l'esprit, il était naturel qu'il prît le maitre anglais pour guide. De là, des analogies entre eux. Les odes de Purcell semblent parfois une esquisse des cantates et des oratorios de Hændel ; on y trouve le même style architectural, les mêmes contrastes de mouvements, de timbres instrumentaux, de grands ensembles et de soli. Certaines danses[1], certains airs héroïques, au rythme irrésistible, aux fanfares de triomphe[2], sont déjà du Hændel. Mais ce ne sont là que des éclairs, chez Purcell. Sa personnalité, son art étaient autres. Lui aussi, comme tant de beaux musiciens d'alors, il a été se perdre en Hændel, ainsi qu'un filet d'eau dans une rivière. Mais il y avait dans cette petite source une poésie anglaise, que l’œuvre entier de Hændel n'a point, — ne pouvait avoir.

Depuis la mort de Purcell, c'en était fait de la musique anglaise. Les éléments étrangers l'avaient submergée[3]. Un renouveau d'oppo-

  1. King Arthur : « Grand Dance », ou Chaconne finale ; — Dioclesian : Trio et chœur final.
  2. Surtout, le fameux air de saint Georges, dans King Arthur : « Saint Georges, patron de notre île, soldat et saint… »
  3. Non plus les Français, qui, très influents au temps des