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Les Anthems (ou Psaumes) Chandos [1] sont, pour les oratorios de Hændel, ce que ses Cantates italiennes sont pour ses opéras : de splendides esquisses, des morceaux d’épopées. Dans ces cantates religieuses, écrites pour la chapelle du duc, Hændel donne la première place aux chœurs : ils sont la voix même de la Bible qui chante, — voix virile, héroïque, dégagée des commentaires et des effusions sentimentales dont l’avait affadie la piété allemande. C’est déjà l’esprit et le style d’Israël en Égypte, les grandes lignes monumentales, le souffle populaire.

Il n’y avait qu’un pas à faire pour passer de ces épopées bibliques au drame. Hændel le fit avec Esther, qui, sous sa première forme, était intitulée : Haman and Mordecai, a masque (Aman et Mardochée, masque[2]). Il est possible qu’à la

  1. Les Anthems tiennent trois volumes de la grande édition Hændel. Le troisième est réservé à des œuvres postérieures à l’époque dont nous nous occupons ici. Les deux premiers contiennent 11 Anthems Chandos, dont deux en double, et un en triple version.

    Hændel écrivit, dans le même temps, trois Te Deum.

  2. On sait que les Masques étaient des compositions profanes, très à la mode en Angleterre, au temps des Stuarts ; ils étaient en partie joués et dansés comme pièces de théâtre, en partie chantés, comme morceaux de concert. — (Voir Paul Reyher : Les Masques anglais, Paris, 1909.)

    Hændel reprit son Esther, en 1732, et la remania. La première Esther est en une seule partie, qui comprend six scènes. La seconde Esther est en trois actes, précédés et terminés chacun par de grands chœurs à l’antique. — On a quelquefois prétendu que le poème était de Pope.