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Page:Rollinat - Les Névroses (Fasquelle 1917).djvu/294

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LE SOLILOQUE DE TROPPMANN


À Émile Goubert.


I

Enfin débarrassé du père
Et du grand fils, — vœux triomphants ! —
J’allais donc en certain repaire
Tuer la mère et les enfants !

Je fus les attendre à la gare,
Dans la nuit froide, sans manteau ;
J’avais à la bouche un cigare
Et dans ma poche un long couteau.

Tout entier au plan du massacre,
Si pesé dès qu’il fut éclos,
Je m’étais muni d’un grand fiacre
D’une couleur sombre et bien clos.

Sur les coussins, calme, sans fièvre,
Je me vautrais comme un Sultan ;
Je devais avoir sur la lèvre
Le froid sourire de Satan !