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Page:Romanische Studien VOL5 (1880).djvu/716

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p. 216) qu’en Picardie la finale t, d se changeait en c, ch (sans dire que ce changement n’a eu lieu qu’à la 1. personne), et que dans le dialecte bourguignon de la seconde moitié du 13e s. d final était remplacé par s ; puis il ajoute « l’s provient ici de l’influence picarde et tient lieu du c, ch du langage du nord de la langue d’oïl ». Burguy n’en prétend pas moins (Gr. I p. 215, note) que l’s de la première personne « est celle de la seconde, qui devint première ». — Nous admettons donc que le son rendu par s s’est développé dans Amis et Jourdains, qui ne sont pas écrits en dialecte picard, sous l’influence du c, ch picard ; mais il est possible que la prononciation du c ait été altérée à ce passage ; c’est pourquoi il n’est pas permis d’arguer de ce z, qui avait encore vraisemblablement la valeur phonétique ts, contre la prononciation que M. Tobler attribue à c, ch. Il se peut que des raisons d’euphonie aient contribué à faire passer le c avec une prononciation modifiée dans les dialectes voisins. Peut-être la rencontre des consonnes finales de mots tels que deffent, commant avec d’autres consonnes a-t-elle été peu agréable à l’oreille et a-t-on cherché à en atténuer l’effet fâcheux en intercalant une s ou un e. C’est ainsi que ainz (voir plus haut) et aimme Jourd. 628 se trouvent toujours devant une consonne, tandisque aim, qui ne se rencontre qu’une fois Jourd. 2350, est placé devant un mot commençant par une voyelle. Dans Jourd. le même hémistiche paraît deux fois, aux v. 1470 et 1480 ; il est écrit la première fois « car trop redouz », la seconde « car trop redoute » ; il est vrai que le verbe se trouvant placé devant la césure, il importe peu qu’il soit suivi les deux fois d’une consonne. Quoi qu’il en soit de cette supposition, nous croyons que l’s, qui primitivement n’a été ajoutée qu’aux radicaux terminés par une dentale, par r et par m, aurait fini par être appliquée aux autres radicaux terminés par des consonnes, à l’exclusion de ceux terminés par des voyelles.

Il est bien entendu que dans nos textes, comme dans tous les textes anciens, je vois (vado), doins, estois, truis, pruis, ruis sont écrits par s ; mais, à part ces exceptions, les 1. pers. du prés. terminées par une voyelle telles que je voi, croi, di, pri, otroi etc. ne prennent jamais dans les écrits dont nous parlons ni c (ch), ni z, ni s. Il y a à peine deux ou trois cas douteux : Dans Jourd. v. 2559 los (laudo) est probablement le présent d’un verbe loser qui d’après Duméril (cité par Burguy Gramm. III s. v. los i) existe encore dans le patois breton, et qui, de même qu’aloses (Rol. 898), serait formé du subst. los. Dans hach, haz, has, formes qui existent à côté de (cfr. Diez,