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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/165

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BELLEAU Bouquet du bouquet.) Pris d’un Epigramme, tj-zt, S’ èxXâjjiTOt -où axetpdtvou ax=(pavoî.


ELEGIE A MARIE

Marie, à celle fin que le siecle advenir
De noz jeunes amours se puisse souvenir,
Et que vostre beauté que j’ay long temps aimée,
Ne se perde au tombeau par les ans consumée,
Sans laisser quelque marque apres elle de soy :
Je vous consacre icy le plus gaillard de moy,
L’esprit de mon esprit, qui vous fera revivre
Ou long temps, ou jamais, par l’âge de ce livre.
Ceux qui liront les vers que j’ay chantez pour vous
D’un stile varié entre l’aigre et le dous
Selon les passions que vous m’avez données,
Vous tiendront pour Déesse : et tant plus les années
En volant s’enfuiront, et plus vostre beauté
Contre l’âge croistra vieille en sa nouveauté.
O ma belle Angevine, ô ma douce Marie,
Mon œil, mon cœur, mon sang, mon esprit, et ma vie,
Dont la vertu me monstre un droit chemin aux cieux :
Je reçoy tel plaisir, quand je baise voz yeux,
Quand je languis dessus, et quand je les regarde,
Que sans une frayeur qui la main me retarde,
Je me serois occis, que pauvre je ne peux
Vous monstrer par effect le bien que je vous veux.
Or cela que je puis, je le veux icy faire :
Je veux en vous chantant voz louanges, parfaire,