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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/228

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Cheveux plus beaux que ceux que Berenice
Loin de son chef envoya dans les cieux.
Adieu mirouër, qui fais seul glorieux
Son cœur trop fier d’amoureuse malice :
Amour m’a dit qu’autre chemin j’apprisse,
Et pource adieu belle bouche et beaux yeux.
Trois mois entiers d’un desir volontaire
Je vous servy, et non comme forsaire
Qui par contrainte est sujet d’obeyr.
Comme je vins, je m’en revais, maistresse
Et toutefois je ne te puis hayr.
Le cœur est bon, mais la fureur me laisse.

X

Quand tu portois l’autre jour sur ta teste
Un verd Laurier, estoit-ce pour monstrer
Qu’amant si fort ne se peut rencontrer,
Dont la victoire en tes mains ne soit preste ?
Ou pour monstrer ton heureuse conqueste
De m ’avoir fait en tes liens entrer ?
Dont je te pri’ me vouloir despestrer.
» Peu sert le bien que par force on acqueste.
Soit le Laurier de ton front le sejour :
Le Rosmarin, helas ! que l’autre jour
Tu me donnas, me devoit faire saige.
C’estoit congé que je pren maugré moy :
Car de vouloir resister contre toy,
Astre divin, c’est estre sacrilege.