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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/307

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Est un rempart, un fort contre le vice,
Où la Vertu maistresse se retire,
Que l’œil regarde, et que l’esprit admire,
Forçant les cœurs à luy faire service.
C’est un Chasteau feé de telle sorte,
Que nul ne peut approcher de la porte,
Si des grands Rois il n’a tiré sa race,
Victorieux, vaillant et amoureux.
Nul Chevalier, tant soit aventureux,
Sans estre tel, ne peut gaigner la place.


VII

Si mon grand Roy n’eust veincu meinte armée,
Son nom n’iroit, comme il fait, dans les cieux :
Les ennemis l’ont fait victorieux,
Et des veincuz il prend sa renommée.
Si de plusieurs je te voy bien-aimée,
C’est mon trophée, et n’en suis ennuyeux :
D’un tel honneur je deviens glorieux,
Ayant choisy chose tant estimée.
Ma jalousie est ma gloire de voir
Mesmes Amour soumis à ton pouvoir.
Mais s’il advient que de luy je me vange,
Vous honorant d’un service constant,
Jamais mon Roy par trois fois combatant
N’eut tant d’honneur, que j’auray de louange.


VIII

À mon retour (hé, je m’en desespere !)
Tu m’as receu d’un baiser tout glacé