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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/311

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Sois amoureux, et tu n’auras l’audace
Plus forte au cœur, que si une cuirace
Vestoit ton corps, ou si un camp armé
De legions te gardoit enfermé.
Puis que la mort à l’homme est naturelle,
Belle est la mort pour une chose belle.


XI

Le seul penser, qui me fait devenir
Brave d’espoir, est si doux que mon ame
Desja gaignée, impuissante se pâme,
Songeant au bien qui me doit advenir.
Sans mourir donq pourray-je soustenir
Le doux combat que me garde ma Dame,
Puis qu’un penser si brusquement l’entame
Du seul plaisir d’un si doux souvenir ?
Helas ! Venus, que l’escume feconde
Non loin de Cypre enfanta dessus l’onde,
Si de fortune en ce combat je meurs,
Reçoy ma vie, ô Déesse, et la guide
Parmy l’odeur de tes plus belles fleurs
Dans les vergers du Paradis de Gnide.


XII

Quand en songeant ma follastre j’accole,
Laissant mes flancs sur les siens allonger,
Et que d’un branle habilement leger
En sa moitié ma moitié je recole :
Amour, adonc si follement m'affole,
Qu'un tel abus je ne voudroi changer,