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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/315

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Et m’a fait voir à demy
Le Nautonnier ennemy,
Et les plaines où Catulle,
Et les rives où Tibulle,
Pas à pas se promenant
Vont encore maintenant
De leurs bouchettes blesmies
Rebaisotans leurs amies.


XV

Amour, tu es trop fort, trop foible est ma Raison
Pour soustenir le camp d’un si rude adversaire.
Va, badine Raison, tu te laisses desfaire :
Dez le premier assaut on te meine en prison.
Je veux, pour secourir mon chef demy-grison,
Non la Philosophie ou les Loix : au contraire
Je veux ce deux fois-nay, ce Thebain, ce Bon-perc,
Lequel me servira d’une contrepoison.
Il ne faut qu’un mortel un immortel assaille.
Mais si je prens un jour cest Indien pour moy,
Amour, tant sois tu fort, tu perdras la bataille,
Ayant ensemble un homme et un Dieu contre toy.
La Raison contre Amour ne peut chose qui vaille :
Il faut contre un grand Prince opposer un grand Roy.


XVI

Cusin, monstre à double aile, au mufle Elephantin,
Canal à tirer sang, qui voletant en presse
Sifles d’un son aigu, ne picque ma Maistresse,
Et la laisse dormir du soir jusqu’au matin.