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Page:Ronsard - Œuvres complètes, Garnier, 1923, tome 2.djvu/46

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Il vault mieux, ô grand Dieu, qu’une seule journée
Me despouille soudain de mon fardeau mortel,
Que de souffrir tousjours en l’ame un torment tel,
Que n’en souffre aux enfers l’ame la plus damnée.
Ou bien si tu ne veux, Pere, me foudroyer,
Donne le desespoir, qui me meine noyer,
M’élançant du sommet d’un rocher solitaire :
Puis qu’autrement par soin, par peine et par labeur,
Trahy de la raison, je ne me puis desfaire
D’amour, qui maugré moy se campe dans mon cœur.


BELLEAU Foudroye moy le corps.) Il prie comme desesperé, Jupiter le vouloir foudroyer, comme il foudroya devant Thebes Capanée. Ce Capanée fut merveilleusement su perbe et glorieux, et contempteur des Dieux, lequel par son audace et braverie estant encruché sur les murs de Thebes, fut foudroyé par Jupiter. Voyez la fin du dixiesme livre de Stace, où sa mort est ingenieusement bien descrite.


CHANSON

Je veux chanter en ces vers ma tristesse :
Car autrement chanter je ne pourrois,
Veu que je suis absent de ma maistresse :
Si je chantois autrement, je mourrais.
Pour ne mourir, il faut donc que je chante
En chants piteux ma plaintive langueur,
Pour le départ de ma maistresse absente,
Qui de mon sein m’a desrobé le cœur.