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Page:Rosenthal - Carpaccio, Laurens.djvu/124

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VITTORE CARPACCIO.

les figures les plus caractérisées se définissent par quelques traits décisifs et sont modelées en pleine lumière par des rehauts sommaires, les mille personnages minuscules qui animent les arrière-plans sont campés parfois par une simple tache : une tapisserie, par quelques accords, nous livre les complications de son point : trois ou quatre touches font apparaître, sur une muraille, une image sainte avec son cadre d or. Harmonies rapides, harmonies subtiles : les ombres se colorent, sur des manches noires glisse un reflet rose.


XIV

Une touche franche, précise, primesautière, qui pose le ton et le laisse, et dont la hardiesse surgit sous le voile des siècles, n’est-ce pas la définition et la louange d’un peintre moderne ? Souvent, en scrutant le mécanisme du pinceau, il nous a semblé deviner les éléments d’un art impressionniste.

Tel Carpaccio nous apparait dans ses meilleures œuvres, car il fut très inégal, et, particularité décevante, on ne peut saisir chez lui ni évolution, ni progrès, tout au plus peut-on reconnaitre une intention religieuse plus accentuée vers la fin de sa carrière.

Sa facture n’a jamais été plus riche, plus souple, plus abondante que dans le cycle de sainte Ursule qui marque presque ses débuts. Ses dernières œuvres le montrent désorienté.