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Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/104

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blement armé, dans la plénitude de sa force. C’était le guerrier de haute stature, au torse profond, cerclé de côtes plus pareilles à des côtes d’aurochs qu’à des côtes d’homme, avec des bras dont la longueur dépassait d’un tiers ceux de Naoh. Ses jambes incurvées, trop brèves pour la course, lui assuraient un puissant équilibre.

Avant l’attaque décisive, il examina sournoisement le grand Oulhamr. Jugeant que sa supériorité serait plus sûre s’il frappait à deux mains, il ne garda que sa massue. Puis il prit l’offensive.

Les armes, presque égales de poids, taillées dans le chêne dur, s’entrechoquèrent. Le coup du Kzamm fut plus fort que celui de Naoh, qui ne pouvait user de sa main gauche. Mais le fils du Léopard avait paré par un mouvement transversal. Quand le Kzamm renouvela l’attaque, il rencontra le vide ; Naoh s’était dérobé. Ce fut lui qui prit l’offensive : à la troisième reprise, sa massue arriva comme un roc. Elle eût fendu la tête de l’adversaire, si les longs bras fibreux n’avaient su se relever à temps ; de nouveau, les nœuds de chêne se rencontrèrent, et le Kzamm recula. Il riposta par un coup frénétique, qui arracha presque la massue de Naoh ; et, avant que celui-ci eût repris position, les mains du Dévoreur d’Hommes se relevaient et se rabattaient. L’Oulhamr put amortir, il ne put arrêter le coup : atteint en plein crâne, il plia sur ses jarrets, il vit tourbillonner la terre, les arbres et le Feu. Dans cette seconde mortelle, l’instinct ne l’abandonna point, une énergie suprême s’éleva du fond de l’être, et, de biais, avant que l’adversaire ne se fût ressaisi, il lança sa massue. Des os craquèrent ; le Kzamm croula : son cri se perdit dans la mort.

Alors, la joie de Naoh gronda comme un torrent ; il considéra, avec un rire rauque, le brasier où soubresau-