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Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/111

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cime. L’aube d’automne, appesantie et morte, effleurait les feuilles débiles et les nids ruineux, poussant devant elle une petite brise qui semblait le soupir des sycomores. Naoh, debout devant la lumière encore pâle comme la cendre blanche d’un foyer, mangea un morceau de chair séchée, se pencha sur le sol et se remit à suivre la piste. Elle le guida pendant des milliers de coudées. Sortie du bois, elle traversa une plaine de sable où l’herbe était rare et les arbrisseaux rabougris ; elle tourna parmi des terres où les roseaux rouges pourrissaient au bord des mares ; elle monta une colline et s’engagea parmi des mamelons ; elle s’arrêta enfin au bord d’une rivière que Gaw, certainement, avait franchie. Naoh la franchit à son tour et, après de longues démarches, découvrit que deux pistes de Kzamms convergeaient : Gaw pouvait être cerné !

Alors, le chef pensa qu’il serait bon d’abandonner le fugitif à son sort, afin de ne pas risquer, contre une seule existence, sa vie, celle de Nam et celle du Feu. Mais la poursuite l’exaspérait, quelque fièvre battait entre ses tempes, une espérance s’obstinait malgré tout ; il subissait aussi le simple entraînement de la chose commencée.

Outre les deux partis de Kzamms, dont Naoh venait de reconnaître la ruse, il fallait craindre celui qui avait poursuivi Nam et qui, après tant de tours et de détours, avait eu le temps de prendre une position avantageuse, si même il ne s’était divisé en groupes enveloppants. Confiant dans sa grande vitesse et dans sa ruse, le fils du Léopard suivit sans hésiter la piste même de Gaw, s’arrêtant à peine pour sonder l’étendue.

Le sol devint dur : le granit apparaissait sous un humus pauvre et de couleur bleuâtre ; puis une colline escarpée se présenta, que Naoh se décida à gravir, car les traces étaient maintenant assez récentes pour que, de la cime,