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Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/157

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s’entendirent. Puis le site redevint silencieux. À peine si quelque courlis inquiet battait des ailes, si des étourneaux bruissaient dans les oseraies ou si la nage d’un saurien agitait les nymphéas. Pourtant, des créatures singulières parurent au ras de l’eau et se dirigèrent vers l’îlot voisin de l’arête granitique. On distinguait leur passage aux remous des eaux et à l’émergence de têtes rondes, couvertes d’algues… Il y en avait cinq ou six ; Naoh et l’Homme-sans-épaules les observaient avec méfiance. Enfin, elles abordèrent dans l’îlot, se mirent sur une saillie rocheuse, puis leurs voix s’élevèrent, sarcastiques et farouches ; Naoh, avec stupeur, reconnut des hommes ; s’il en avait douté, les clameurs qui répondirent au long de la rive auraient dissipé son incertitude… Il sentait avec rage que les Nains Rouges, profitant de l’immigration des bêtes, venaient de vaincre sa vigilance… Mais comment s’étaient-ils frayé un passage ?

Il y rêvait, farouche, lorsqu’il vit l’Homme-sans-épaules tracer de la main, avec persistance, une direction qui partait de la rive et aboutissait à l’îlot. Puis il montrait l’arête granitique. Le Fils du Léopard devina qu’il devait y avoir une deuxième arête qui atteignait presque la surface du marécage. Maintenant, l’ennemi était là, sur son flanc, plein de pièges… et il fallait s’étendre derrière les saillies pour éviter ses pierres et ses sagaies !

Le silence a ressaisi le marécage ; Naoh continue à veiller sous les constellations tremblotantes.

Le buisson des Nains Rouges s’avance lentement : avant la moitié de la nuit, il touchera presque le Feu des Nomades et l’attaque se produira. Elle sera difficile. Les Nains Rouges devront franchir les flammes qui