Aller au contenu

Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/161

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

idée. C’était une baguette épaisse, de bois ou de corne, terminée par un crochet ; et ce propulseur donnait aux sagaies une portée beaucoup plus grande que lorsqu’on les jetait à la main.

Dans ce premier moment, les Nains Rouges eurent le dessous : plusieurs gisaient sur le sol. Mais des secours arrivaient sans cesse. Les visages triangulaires surgissaient de toutes parts, même de l’abri opposé à Naoh et ses compagnons. Une fureur frénétique les agitait. Ils couraient droit à la mêlée, avec de longs hurlements ; toute la prudence qu’ils avaient montrée devant les Oulhamr avait disparu, peut-être parce que les Hommes-sans-épaules leur étaient connus et qu’ils ne craignaient pas le corps à corps, peut-être aussi parce qu’une haine ancienne les surexcitait.

Naoh laissa se dégarnir les retranchements de l’ennemi. Sa résolution était prise depuis le commencement du combat. Il n’avait pas eu à y songer. Le tréfonds de son être le poussait et la rancune, le dégoût d’une longue inaction, l’impression surtout que le triomphe des Nains Rouges serait sa propre perte.

Il n’eut qu’une seule hésitation : fallait-il abandonner le Feu ? Les cages entraveraient le combat ; elles seraient sans doute rompues. D’ailleurs, après la victoire, les feux ne manqueraient point, et la mort suivrait la défaite.

Quand il crut le moment favorable, Naoh donna des ordres brusques et, à toute vitesse, hurlant le cri de guerre, les Oulhamr jaillirent de leur refuge. Quelques sagaies les effleurèrent ; déjà ils franchissaient l’abri des antagonistes. Ce fut rapide et farouche. Il y avait là une douzaine de combattants, serrés les uns contre les autres, dardant leurs épieux. Naoh lança sa sagaie et son harpon, puis bondit en faisant tournoyer la massue. Trois Nains Rouges succombaient à l’instant où Nam et Gaw en-