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Page:Rosny - La Guerre du feu.djvu/210

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mouths, des Nains Rouges, des Hommes-sans-Épaules, des Hommes-au-Poil-Bleu et de l’ours des cavernes. Pourtant, il omit, par défiance et par ruse, de dévoiler le secret des pierres à feu, que lui avaient enseigné les Wah.

Le rugissement des flammes approuvait le récit ; Nam et Gaw, par des gestes rudes, soulignaient chaque épisode. Comme c’était le discours du vainqueur, il pénétrait au plus profond, il faisait haleter les poitrines.

Et Goûn clama :

— Il n’y a pas eu de guerrier comparable à Naoh parmi nos pères… et il n’y en aura point parmi nos enfants, ni les enfants de nos enfants !

Enfin, Naoh prononça le nom d’Aghoo ; les torses frissonnèrent comme des arbres dans la tempête. Car tous craignaient le fils de l’Aurochs.

— Quand le fils du Léopard a-t-il revu Aghoo ? interrompit Faouhm avec un regard de méfiance vers les ténèbres.

— Une nuit et une nuit se sont passées, répondit le guerrier. Les fils de l’Aurochs ont traversé la rivière. Ils ont paru devant le roc où se tenaient Naoh, Nam et Gaw… Naoh les a combattus !

Alors, ce fut un silence où s’éteignaient même les souffles. On n’entendait que le Feu, la bise et le cri lointain d’un fauve.

— Et Naoh les a terrassés ! déclara orgueilleusement le nomade.

Les hommes et les femmes s’entre-regardèrent. L’enthousiasme et le doute se heurtaient au fond des cœurs. Moûh exprima l’obscur sentiment des êtres en demandant :

— Naoh les a-t-il tués tous les trois ?

Le fils du Léopard ne répondit point. Il plongea la main dans un repli de la fourrure d’ours qui l’enveloppait et il jeta sur le sol trois mains sanglantes.