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Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/109

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À peine eût-il parlé, le même désir émut Georges, Sabine et jusqu’aux servantes. Chacun, à la mesure de son instinct et de son intelligence, sentait le grand lien de l’espèce.

La rue des Feuillantines était déserte ; des passants circulaient dans la rue Saint-Jacques et la rue Gay-Lussac ; ils marchaient furtivement dans la lumière roussie ; ceux qui allaient par couples ou par groupes ne s’adressaient guère la parole. On avait l’impression de ces crépuscules qu’évoquent les poètes du Nord et qui ne sont pas les crépuscules d’un jour mais d’un âge. L’absence de voitures aurait suffi pour rendre la ville silencieuse ; dans l’atmosphère molle, les bruits se dissolvaient ; les bottines des passants semblaient feutrées. Toutes les faces révélaient la mélancolie, l’amertume et une crainte qu’atténuait la stupeur.

Au boulevard Saint-Michel, la foule devint compacte. Les jeunes hommes, s’abandonnant à l’instinct de troupeau, formaient des