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Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/124

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nous ne méritons pas d’avoir nos derniers instants troublés par une présence odieuse.

— Je suis un malheureux ! soupira Vérannes. Mes torts sont irréparables, mais songez qu’ils tiraient leur source d’un amour sans bornes ! Songez aussi que ces pauvres créatures sont mes enfants. Je ne demande qu’un peu de compassion. Accordez-moi un coin, dans une chambre où j’aie l’impression d’être voisin de celle que j’aime… Sabine, n’auras-tu pas pitié de moi ?

— Oui, oui… qu’il reste ! soupira la jeune femme en se cachant le visage.

Il y eut un long silence. Le froid semblait s’accroître, la lumière rousse était autour des êtres comme la lueur d’un bûcher prêt à s’éteindre, la mort planait dans l’épouvante, et tous grelottaient lamentablement.

— Que faire ? demanda le vieillard en se tournant vers Meyral.

— Pardonner ! répondit le jeune homme.

— Pardonner, jamais ! se récria Langre. Mais j’endurerai sa présence.