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Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/34

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— Oui, venez, fit-il. Il a une espèce d’amitié pour vous. À nous deux, nous le calmerons.

Il ajouta, pensif :

— Il n’est pourtant pas dément ?

— Il peut l’être ce soir !…

Tandis que l’auto les emporte, Langre songe à ce méchant mariage qui aggrave ses mélancolies. Il a toujours blâmé le choix de sa fille et le juge incompréhensible. Pourquoi a-t-elle préféré ce personnage taciturne et hypocondriaque à tant d’autres ? Pierre Vérannes est sans grâce, de caractère intraitable, d’humeur brutale, et son intelligence ne dépasse guère celle du troupeau.

— Le mystère des préférences ! soupirait le père.

Ce n’est pas le mystère des préférences. Dans la claire Sabine, rien ne s’ajuste aux qualités ni aux défauts de Vérannes. Elle n’aime pas sa structure. Surtout elle ne l’a point choisi. C’est lui qui l’a voulue, avec une énergie sauvage, avec une opiniâtreté