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Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/95

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monde, elle semblait moins terrifique. On n’éprouvait pas la révolte individuelle, qui est de beaucoup la plus âpre et la plus intolérable. Chez les vieillards, les malades, les débiles, et plus encore chez ceux qui se savaient atteints d’un mal mortel, un sentiment de « revanche » atténuait la détresse. Mais outre ces éléments psychologiques, il y avait de la narcose. Les nerfs perdaient leur sensibilité habituelle : contusions et blessures n’éveillaient que des souffrances sourdes ; l’imagination se trouvait appesantie et appauvrie. Seule l’intelligence déductive ne montrait aucune défaillance. Quant à l’esprit d’observation, ce qu’il perdait en promptitude, il semblait le regagner en précision et en constance.

Le matin du quatrième jour, Langre et Meyral, après un déjeuner sommaire, tenaient conseil dans le laboratoire.

— Le bleu a presque disparu ! murmura le vieillard.

Il était pâle et affligé ; ses yeux perdaient