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Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/208

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l’immensité des nuages haillonnés sur la voûte, l’odeur nerveuse de l’air électrisé, toute la maladie fraîche et rude de l’espace et de la terre, tout le courant d’amour des crises de l’élément. Elle ne vit ni la mouillure de ses habits, ni ses bottes limoneuses, ni sa moustache en désordre, mais une force parmi ces grandes forces, une hardiesse parmi les éclairs, le puissant élan d’un être vers elle, à travers les menaces et le tumulte de l’orage. Et lui se courba, chuchotant son repentir, son irresponsabilité, la violence du cœur.

— Sans conscience… j’ai rôdé… rôdé des heures… l’orage me tenait, la pluie me perçait… je voyais cette vitre…

Elle l’écoutait, dans la robe de laine pâle, le nuage de sa grâce, tiède d’intimité, embaumée d’une toute légère essence, dans l’harmonieuse anomalie d’un éveil. La pitié et l’orgueil, les sens induits de foudre, la mollesse de sa nature, l’étrange, l’aventureux, le retour à la sauvagerie mêlée à l’in-