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Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/223

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intime, hypnotique, élargi à mesure qu’il le regardait : à cette onde puisait sa pensée pour former les ramuscules de la lettre, les ramures de la phrase ; la petite semeuse pointue, là gisante, portait les stigmates du labeur, de suie jusqu’à mi-route, resplendissante à l’emmanchure. La page pâle était le terreau, la plaine nue, vierge, pleine de mystère et de mélancolie…

Attendri, sans force, avec la nervosité de l’écrivain devant les pages lâchées, Noël replia son manuscrit vivement : ce fut comme une ouverture de portes, l’espace libre, la paix des accomplissements. Il rama par les béatitudes obscures, ces rares secondes où la pendule de l’existence bat en euphonie, les pupilles prisonnières à la floraison de sa lampe, au pétale de la flamme nourri de l’âme des carbures, ce drôlet organisme renfermé dans une cellule de vitre, à double respiration, fragment de soleil alimentant de vie la chambre solitaire. Confus, dans des « pourquoi » d’enfant, il mesurait la flamme,