Aller au contenu

Page:Rosny - Le Termite, 1890.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

petit de taille, épais, sans grâce, et, pour tout bien, des yeux frais et tendres.

L’humiliation lui grelotta sur l’épiderme. Ses rhumatismes, ses reins en gâchis, sa brièveté, sa timidité, son visage trop long et maussade, il entrevit toute cette infirmité en route pour l’utopie. Les coups de surprise, les gros lots de la séduction, tout ce que peut rêver la moyenne des hommes chez lui se transformait en idées lentes, en opiniâtreté, en patience de creuseur de mine ; l’éternelle légende Belle et Bête, Riquet à la Houppe, les mineurs armés d’amour et de patience, de sacrifice et de soumission, arrivant souterrainement à la forteresse.

Tandis qu’il y songeait, boîtinant, lanciné à l’épaule, il ne désespéra pas, il perçut vaguement le poème intense où il s’immergeait, le nerveux poème revendicateur des parias, où toute victoire, si mince soit-elle, dispense le maximum, l’essence des voluptés humaines, le tréfonds de bonheur et de navrance.