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Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/166

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substance réveiller l’Éden qui vit en l’âme des races comme en l’âme des individus. Aux écoutes, la bouche entr’ouverte, dans une grâce quasi naïve, la jeune épouse ressuscitait les adorables phases où elle trempait dans l’inconnu des choses comme une flèche d’eau dans un étang :

— Ah ! oui, le beau soir, dit-elle… Comme il me semble proche encore ! J’entends ta voix qui me rassure et la mienne qui tremble… Je vois le petit chat pelotonné, comique et délicieux, avec ses grands yeux verts !…

— Te souviens-tu de notre retour…, notre joie d’être mouillés ?… La lune en se levant parut éclairer une création neuve… Nous imaginions l’Arche de Noé atterrissant par une nuit pareille…

— Oui, dit-elle avec un sourire.