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Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/27

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— Quelle sottise !… Me voilà seul !

Le mot « seul » résonna plein d’angoisse. Par diversion, Daniel regarda des ouvriers verser de l’asphalte fumante, tel un potage d’hommes de pierre. Une minute, l’odeur bitumineuse, l’étalement irisé du liquide, la gravité sacerdotale des ouvriers, ce mastiquage qui rappelle des jeux d’enfance, le retinrent.

Le cahot des fiacres bientôt lui crispa la plante des pieds ; de la rue il ne ressentit que l’énervement physique, plus solitaire en réalité, plus morose que sur une triste lande automnale. Il se réfugia dans le parc Monceau. C’était le prélude du crépuscule : l’étang grelottait sous les nuages en demi-teintes infinies, disait le doux occident, la variété, la timidité, le chuchotement. L’élégance d’arbres en mal d’avril, leurs ombres diffuses