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Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/34

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avec gaîté il fit son menu, il jeta un coup d’œil sur les journaux du soir.

Mais les articles tournèrent autour de son crâne sans y pénétrer, une atmosphère de migraine ploya sa tête vers la gauche comme si un aimant l’attirait.

Après le potage, son appétit rompit net. Il trouva lamentables les viandes, ces fragments de cadavres déguisés sous l’apprêt et dont il absorbait péniblement des bouchées. Une rumeur le tourmentait, vague, terrible, qui n’était pas autour de lui, mais en lui. Il baissa la tête, il s’écouta, il défaillit à des visions mortelles, il eut la conscience nette de son cœur, compta son mouvement faussé et trouble. Il sentit que l’Obsession montait glaciale, irrésistible :

— Fuir le rêve !