Aller au contenu

Page:Rosny aîné – Daniel Valgraive, 1891.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux sacrifices de l’Individu à l’Espèce, aux tâtonnements où l’amour se trompe, où les forts et les subtils sont victimes du faible et de l’idiot.

— Mais toi-même, tu es un faible…, tu n’as plus aucun droit sur une créature saine !…

Ces paroles tombèrent aussi durement sur lui que si un autre les avait prononcées. Il exécra la vie et l’univers, et sa rancune monta jusqu’à ses ascendants. Puis, contractant ses maigres joues souffrantes, ses arcades sourcilières, il fit l’effort, si familier chez lui, de repousser toute haine.

Dans le pâle matin, il avait une figure de Christ tatillon, un peu maniaque, mais exquis. En sa pauvre chair étaient comme creusés le dévouement, l’idéalité généreuse, le mépris du « moi, » et il