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Page:Rosny aîné - Au château des loups rouges, 1929.djvu/148

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Dix minutes plus tard, le comte présentait ses hôtes à Mlle Ghislaine de Maurannes. Plus mystérieusement séduisante encore que sur la terrasse, elle montrait un de ces teints qui défient les mirages du souvenir ; les pétales fins des paupières, les grands cils et les yeux pers évoquaient toutes les légendes de l’homme.

Guillaume l’épiait avec émotion. Il découvrit entre cette fille magnifique et Denise de Morneuse une ressemblance indirecte, et cependant certaine.

Pendant le diner, elle demeura ambiguë et lointaine. Ses yeux hiératiques ne se posaient ni sur Guillaume, ni sur Takra, et cependant on avait l’impression que ces yeux voyaient tout et n’oubliaient rien. Elle parlait à peine, d’une voix de cristal, de cristal baigné dans le courant d’une rivière.

Le comte, lui, entretenait ses hôtes avec complaisance et les écoutait avec attention. Il mangeait magnifiquement, doué de l’appétit