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Page:Rosny aîné - Au château des loups rouges, 1929.djvu/227

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elle savait ce qu’elle était pour lui, parce que ce printemps révélait à elle-même le secret qui croît au cœur des créatures. Ses tempes rougirent comme des lys au crépuscule :

— La fée des fleurs ? dit-elle pensive… Je voudrais être du moins une fée capable d’abolir votre tristesse.

— Ah ! gémit-il… Il suffirait d’une parole… Il est vrai la plus forte des paroles… plus forte que tous les actes et que ma pauvre existence ne mérite point.

— Vous méritez tout ! dit-elle.

— Ne dites plus rien ! fit-il hâtivement… ne me laissez pas espérer l’impossible…

— Pourquoi serait-ce l’impossible ? dit-elle en baissant la tête.

Il se mit à trembler de tous ses membres, et défaillant, aussi pâle que les nuages :

— Vous ne me repoussez donc pas ?

Elle sourit, tendre et malicieuse, elle lui tendit la main… Il saisit cette petite main,