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Page:Rosny aîné - Au château des loups rouges, 1929.djvu/9

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visage de perle et d’églantine, des yeux de flamme bleue, pleins de la candeur des belles filles du Nord.

L’endroit semblait presque fantastique, une vieille gentilhommière de granit, une large cour aux murailles crénelées, un parc de rouvres et de hêtres rouges, puis un cercle de collines boisées dont les échancrures s’ouvraient à tous les méandres du rêve, à toutes les invitations au voyage.

L’heure était magique, l’heure aux ombres longues où la lumière n’est pas encore rouge. Un vent léger, qui avait passé sur des fleurs et des feuilles sans nombre descendait de l’Orient ; des tilleuls invisibles répandaient leur odeur trouble, enivrante et nostalgique.

— Pas encore ! soupira Denise.

La vieille bougonna et disparut comme si elle s’était évaporée.

Denise regarda longtemps le ciel, les collines, les arbres. Le crépuscule fut proche, avec ses menaces sourdes, sa tristesse faite