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Page:Rosny aîné - La Jeune Aventureuse, 1928.djvu/22

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tits ; le jeune Marcel, dont la classe allait bientôt paraître devant les conseils de révision, rêvait à des choses lointaines et à ce bonheur universel que prophétisait son père. C’était une âme vive comme les sources de l’Alpe, fraîche comme les perce-neige, si riche d’illusions qu’un siècle de misère n’aurait pu les épuiser.

Sa sœur Marcelle le contemplait avec une tendresse ardente, inquiète et ironique. Chaque fois qu’elle descendait à la cave, elle voyait plus nettement son frère traîné à la boucherie. Son cœur se rapetissait de détresse.

Pleine d’une terrible méfiance, qui lui était naturelle et s’aggravait d’année en année, elle prévoyait mille catastrophes. Tant de pessimisme ne la désarmait pas devant la vie et ne la privait pas d’une certaine aptitude concentrée et énergique, pour le bonheur.