Aller au contenu

Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(Girard de Ville-Thierry. La Vie des Religieux, p. 148.)

« L’âme, dans la plupart de ses fonctions, suit les impressions du tempérament. Il y a des génies si actifs et si impétueux, qu’un moment de méditation leur serait un long supplice ; tandis que d’autres, d’une trempe plus douce, n’y trouvent rien que d’accommodant et de facile. » (Dom Barthélemy des Martyrs, Abrégé des maximes de la vie spirituelle, p. 149.)

« Il y a des personnes d’une complexion si douce et si tendre, que la vie active leur serait un fardeau très insupportable, au lieu que la contemplation ne leur coûte rien. Il y en a même, qui, soit par une grâce de Dieu, soit par une vertu de tempérament, y feront plus de progrès et y auront plus d’avance en un jour que beaucoup d’autres en six mois. » (Le même ouvrage, p. 180.)

Pour peu qu’on se sente de disposition pour la vie contemplative, on est obligé de s’y appliquer, si l’on veut être utile à ses frères, comme on le doit. » (p. 187.)

« Si donc l’Esprit de Dieu, par quelque fort instinct, vous poussait dans la solitude, vous ne ferez point mal, que dis-je ? Vous mériterez beaucoup d’abandonner les soins de la vie active, pour ne suivre que les voies de la vie de l’esprit. » (Page 188.)

« Je ne voudrais pas, dit le Cardinal Bellarmin, (De monachis. lib. 2. c. 42.) qu’une personne fût en mauvaise conscience de s’employer continuellement à l’étude, ou à la contemplation. Les Saints ont ainsi vécu, un Saint-Benoît, un Saint-Alexis, un Saint-Siméon Stylite, et la plupart des anciens Anachorètes. »

« Nous ne nous retirons pas dans la solitude, dit Saint-Jean-Climaque, (grad. 3. num. 82.) par aucune aversion que nous ayons de nos parents ou des lieux que nous quittons, Dieu nous en garde ; mais pour éviter les pertes que nous pourraient causer leur présence et leur compagnie. »

« C’est le désir immense et ardent que les Saints ont eu de s’unir incessamment et indissolublement à Dieu, qui les a conduits dans la solitude, où ils avaient pour demeures les grottes et les cavernes. Ce n’est pas, nous dit Saint-Augustin, (lib. de moribus Eccl. ch. 30) qu’ils aimassent moins les hommes pour cela, puisqu’ils priaient pour eux ; mais c’est qu’ils aimaient incomparablement mieux leur Dieu, pour l’amour de qui ils se privaient de la fréquentation des hommes. »

« Saint-Grégoire-le-Grand pense qu’il est des âmes si susceptibles de mauvaises impressions, qu’elles n’ont, pour se sauver, d’autre voie que celle de la solitude. Cette vérité doit fournir une ample matière de réflexions à tous ceux qu’une triste expérience a convaincus de leur faiblesse, et qui ne se sentent point assez forts pour vaincre les charmes de ce monde corrupteur. »

« La solitude est non-seulement un besoin, mais un devoir pour les hommes d’une sensibilité trop délicate, d’une imagination trop ardente. » (Zimmerman.)

« Quelques âmes ont une vocation spéciale pour aller servir Dieu dans une entière solitude. Cette vocation se reconnaît aux motifs qui déterminent :

« lo Un chrétien, convaincu par l’expérience de sa faiblesse, a tout lieu de présumer que son innocence ne se soutiendra point au milieu de cette multitude de pièges que le monde lui tend de toutes parts ; alors il peut, quelquefois même il doit se séquestrer du commerce des hommes. Dans ce cas, il y aurait de la témérité à dire qu’il évite de servir Dieu et le prochain. Il n’évite que le péché et les occasions qui l’y feraient tomber…

« 2o Une autre marque de vocation à la vie solitaire, est la connaissance des qualités qui rendent propre à cet état plutôt qu’à toute autre fonction publique. Les dons de Dieu sont diversifiés : les uns sont appelés à la vie active, les autres à la vie contemplative. Ceux que le ciel a destinés à la solitude, servent l’Église à leur manière, et les hommes retirent plus d’avantages de leurs exemples et de leurs vertus, qu’ils ne pourraient en attendre de leurs veilles et de leurs aumônes, s’ils étaient dans le monde riches ou savants. C’est ainsi que la société ne perd aucun de ses membres ; ils ne lui sont même jamais plus utiles que quand chacun est à sa place. C’est la remarque d’un ingénieux écrivain protestant, qui ajoute, qu’un homme, qui se retire du monde, ne refuse pas de le servir, mais qu’il veut seulement n’avoir rien de commun avec ses vanités. » (Lucas, Traité du Bonheur.)

« L’obligation d’embrasser la vie solitaire est encore pour tous ceux qu’une vocation particulière destine à cet état. » (Godescard.)