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Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/155

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« les avantages qu’il y a à s’entretenir avec Dieu. Son âme était si inondée des divines consolations, qu’il pouvait dire, avec Saint-Bernard, qu’il avait trouvé son paradis dans la solitude : cella mihi paradisus ; la solitude, où, selon le langage des Saints, l’air est plus pur, le ciel plus ouvert, les grâces plus abondantes ; et où Dieu a coutume de se communiquer avec plus de familiarité à une âme, qui ne désire que lui, et qui par la pureté même de ses désirs mérite que Dieu se repose en elle, et qu’il la remplisse de paix et de consolation. »

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« Saint-Bernard avait sans cesse dans le cœur sa chère solitude, et il soupirait continuellement pour y retourner, lorsqu’il en était éloigné ; et il fallait qu’on l’en arrachât, lorsqu’il y était revenu. Il disait, qu’il s’éloignait de Dieu de presqu’autant qu’il s’éloignait de son désert, et il lui semblait alors qu’il passait d’un ciel calme et lumineux dans une région de tumulte et de ténèbres. »

« Soyons seuls, nous dit Saint-Ambroise, afin que le Seigneur soit avec nous : nos soli simus, ut Dominus nobiscum sit. » (Epit. 41.)

« On n’a pas entendu dire que personne ait jamais eu regret, à la mort, de s’être trop retiré du commerce des hommes ; et on a vu une infinité d’hommes qui se sont repentis de ne s’en être pas assez séparés. » (L’unique chose nécessaire, Le P. Géramb.)

« La retraite est le seul abri contre les écueils dont est entourée cette courte vie, et le plus sûr asile pour méditer les vérités éternelles, que le monde ne connaît pas » (St-Agricol.)

« Si vous cherchez moins à satisfaire une vaine curiosité, qu’à vous procurer une instruction solide, vous trouverez plutôt la vraie sagesse dans les déserts que dans les livres. Le silence des rochers et des forêts les plus sauvages vous instruira bien mieux que l’éloquence des hommes les plus sages et les plus savants. » (St-Bernard.)

« Tous les Saints ont aimé la solitude, où l’on vaque plus librement à la grande et unique affaire du salut, où l’on découvre avec plus de clarté les vérités éternelles, où l’on jouit avec plus de sûreté de son âme et de son Dieu. La ville m’est une prison, disait Saint-Jérôme, et la solitude un paradis : mihi oppidum carcer est, et solitudo paradisus ! Ô heureuse solitude, ô seule béatitude, s’écriait dans un transport de joie le généreux martyr Hollandais, Cornélius Musius : O beata solitudo ! O sola beatitudo ! La retraite est un lieu saintement enchanté, où l’on voit le monde bien différent de ce qu’il paraît ailleurs, où l’on devient tout autre soi-même. On y change d’esprit, on y change de cœur. On y trouve doux ce qui semblait amer, et amer ce que l’on croyait doux. » (Champion de Pontalier.)

« Il faut aller s’asseoir heureux, nous dit Monseigneur de Tulle, dans une lettre pastorale ; il faut aller s’asseoir dans les solitudes qu’illuminent les saintes clartés, pour en sortir animé de certitude et d’enthousiasme. » (Mgr. De Tulle.)

« Saint-Bernard, loin de consulter les parleurs frivoles qui argumentent et déclament dans les écoles, demande ses inspirations au silence du cloître, à l’auguste majesté du temple : s’il en sort, c’est pour contempler le grand livre de la nature, pour étudier les vérités éternelles dans la solitude du désert, et, comme il nous le dit lui-même, dans les forêts de hêtres » (Balmès.)

« On sait jusqu’où peut parvenir l’esprit de l’homme livré à lui-même, dans la solitude, et appliqué à une occupation fixe » (Balmès.)

« On ne saurait le nier, c’est de la solitude que sont sortis les écrits lumineux et ardents qui nous ont préservés de l’extinction des lumières morales ; c’est dans la solitude que se sont formés ces hommes apostoliques qui dans chaque siècle ont ravivé dans les masses l’esprit religieux. Qui ne voit en effet que la position du Religieux est plus favorable pour présenter dans tout leur jour les vérités religieuses ?

« Je l’ai dit ailleurs, il faut une profonde abnégation pour se faire héraut de la vérité

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« Quand Henri VIII, dégoûté d’une épouse vertueuse, voulut lui substituer une fillette, il n’y eut que deux Anglais qui osassent lui représenter les suites d’un mépris aussi scandaleux des lois divines et humaines : ce furent les moines Peyto et Elstow. Henri menaçant de les faire jeter dans la Tamise, Elstow répondit en souriant : « Réservez, Sire, de semblables menaces pour les riches et les gourmands vêtus de pourpre, qui font bonne chère et mettent tout leur espoir dans ce monde. Pour nous, Dieu en