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Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/77

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« mille que pour chercher le bonheur dans la solitude »

« En 362, Saint-Basile créait l’ordre des moines Arméniens et fondait un monastère dans la province du Pont. Déjà l’Espagne et l’Angleterre comptaient des religieux parmi leurs habitants, et Saint-Patrice en formait d’autres en Irlande. En Afrique, on voyait s’élever le monastère des Filles Hermites, sous la règle de Saint-Augustin. »

« Saint-Hilarion avait bâti le premier monastère dans la Terre Sainte. Saint-Jérôme suivit son exemple, et en construisit un à Bethléem en 390. En 410, Saint-Alexandre fonda l’ordre des Acœmètes. »

« Sur l’emplacement de la maison de Pilate, on avait édifié un couvent. Au mont Sinaï, le couvent de la Transfiguration rappelait l’époque si glorieuse dans les annales du peuple juif, où Dieu même lui dicta ses lois. »

« Le christianisme ne se propageait pas seulement dans le sein des déserts et des forêts ; le monde entier en recevait la doctrine avec la plus vive ardeur. Dès le premier siècle, une partie de la Palestine était déjà soumise à l’Évangile ; Saint-Jude l’avait prêché avec succès dans l’Arabie ; et après les effrayantes persécutions des empereurs romains, Constantin en avait enfin permis le libre exercice en 312. » (Extrait du Mémorial des Pasteurs — À Paris, chez les frères Périsse, 1810.)

« Si vous allez aujourd’hui, (disait Saint-Jean Chrysostome à ceux de son temps), dans les solitudes de l’Égypte, vous trouverez qu’elles sont plus belles qu’aucun paradis terrestre ; qu’il y a des troupes innombrables d’anges revêtus de corps mortels ; des peuples entiers de martyrs ; des assemblées de vierges ; et vous verrez que la tyrannie du démon y est éteinte, et l’empire de Jésus-Christ florissant ; que c’est le camp du Fils de Dieu ; que son armée céleste et ses troupes royales sont répandues dans cette vaste contrée ; et que le ciel n’est pas si éclatant par la diversité des astres et des étoiles, que les déserts d’Égypte par ce grand nombre de cellules et de vierges, qui ont renoncé au monde, et à toutes les choses visibles, et qui ont déjà atteint le souverain degré de la perfection évangélique. » (Homel. 8 in Math.)

« Saint-Augustin nous dit, dans son livre des Mœurs de l’Église catholique, ch. 31 : je ne veux pas parler de ceux qui se sont dérobés à la vue de tous les hommes, et qui, ne mangeant que du pain qu’on leur apporte de temps en temps, et ne buvant que de l’eau toute pure, habitent dans les déserts, jouissent de la société et de l’entretien de Dieu, auquel ils se sont unis par la pureté de leurs pensées, et goûtent les délices d’une souveraine béatitude dans la contemplation de cette beauté, qui ne peut être aperçue que des yeux de l’âme, et de l’âme sainte. Je ne parlerai point de ces Solitaires, parce qu’il semble à quelques-uns qu’ils ont trop quitté le monde, à ceux-là qui ne savent pas combien l’ardeur des prières et l’exemple de la vie de ces hommes invisibles causent de biens dans le monde. Il serait long et superflu de s’étendre sur ce sujet, étant presque impossible que ceux qui d’eux-mêmes n’admirent et n’honorent pas un état si excellent et si sublime de sainteté, y puissent être portés par mes paroles. »

« Saint-Éphrem, en parlant des Solitaires, nous dit : ils sont sur le sommet des montagnes des flambeaux ardents qui éclairent ceux qui viennent les trouver en suivant le mouvement d’une piété sincère ; ils sont dans les solitudes comme entre des murs inébranlables, et c’est ce qui fait qu’ils y conservent une paix ferme et constante ; ils se reposent sur les collines comme des colombes ; ils se tiennent comme des aigles sur la cime des rochers les plus élevés. »

« Il est a remarquer, nous dit Balmès, que le sexe faible participe d’une manière très particulière de cette sorte d’esprit que le christianisme communiquait pour l’exercice des grandes vertus. On comptait déjà en grand nombre, dans les premiers siècles de l’Église, les vierges et les veuves consacrées au Seigneur, liées par un vœu de chasteté perpétuelle ; et nous voyons qu’un soin spécial est accordé, dans les anciens conciles, à cette portion choisie du troupeau de l’Église. Les vierges faisaient leur profession publique dans l’Église ; elles recevaient le voile des mains de l’Évêque, et, pour plus de solennité, on les distinguait par une espèce de consécration. »

« L’objet des institutions religieuses, qui est la mise en pratique des conseils de l’Évangile, est parfaitement conforme à l’Évangile même. Et remarquez bien que, quel que soit le nom, quelle que soit la forme des institutions religieuses, elles ont toujours pour objet quelque chose de plus que la simple observance des préceptes ; on y trouve toujours comprise l’idée de perfection,