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Page:Rousse - Mirabeau, 1891.djvu/121

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MIRABEAU.

inévitable avènement. « Il ne saurait laisser reposer son nom une semaine entière », écrit, à cette époque, le marquis de Mirabeau.

Enfin il découvre son ambition et son but qui, on peut bien le croire, n’étaient un secret pour personne. Il veut être député aux États généraux ; et cherchant partout des appuis, il s’adresse à son oncle, il écrit à son père. Cet adversaire ardent des ministres met dans son jeu Lamoignon et Montmorin. Il ne désespère même pas de M. Necker !! ! « Sans le secours, au moins secret, du gouvernement, je ne puis être aux États généraux », écrit-il sans vergogne à M. de Montmorin.

Éconduit en Alsace, il se tourne vers la Provence. Il aurait dû commencer par elle. Là, en effet, il va retrouver cette clientèle bruyante qui l’applaudissait naguère à la barre du Parlement ; la plébée d’Aix et de Marseille, éprise de ce gentilhomme qui a de si grands airs de roture ; de ce Provençal qui ressemble si bien à la Provence ; qui jure avec les portefaix, patoise avec ses métayers, et plaide en français mieux qu’un procureur. Tout en goûtant largement ces ovations de carrefour et cette popularité qui l’enchante, il n’entend pas laisser vide, dans l’assemblée de la noblesse, le siège auquel lui donne droit sa naissance. Il y est admis sans obstacle. Mais, dès le premier jour, entre lui et les gens de son Ordre, l’antipathie éclate et la lutte commence.

Il a devant lui les représentants respectables des